Lettre à Fatou Kine Aw, peintre sénégalaise

Peintre sénégalaise née en 1977, Fatou Kine Aw est diplômée de l’Ecole Nationale des Arts. Elle a été la seule femme sélectionnée parmi les 10 lauréats du premier concours de peinture Fondation Cuomo Monaco, organisé en 2008. Depuis elle a participé à de nombreuses expositions internationales.


Ma très chère Fatou,

Déjà votre prénom, Fatou, qui est en assonance avec le mot latin « Fatum », suggère le destin, la fortuité d’une rencontre, notre rencontre qui perdure dans le temps !

Comme toute l’histoire du lien entre la Fondation et votre merveilleux Pays : cela était inscrit dans le Ciel et dans le destin de mon mari Alfredo Cuomo.

Cette longue histoire d’amitié débute en 1973 quand Alfredo, futur fondateur de la Fondation, se lance dans la production d’un film qui devait faire date : Superfly T.N.T.

Ce film fut en partie filmé au Sénégal et narre les aventures d’un ex-dealer qui s’improvise en sauveur des opprimés. Les rebondissements rocambolesques du dénommé Super Fly qui contribuèrent à la lutte de l’indépendance d’un pays africain fictif eurent toutefois un autre mérite : confronter le Directeur de production, Alfredo, à une découverte fondamentale et inattendue, la découverte du Sénégal et surtout la découverte de la génialité d’un jeune peintre, un rebelle, à la fantaisie michelangelesque, M’Baye Diop.

Alfredo était un visionnaire, tout comme le jeune peintre, qu’il n’a pas hésité un moment à inviter à Rome avec comme seul bagage une œuvre d’art immense, toute de bois peinte, d’une lourdeur exorbitante. Œuvre qui trône majestueusement dans notre bureau, entre autres.

M’Baye Diop, “l’enfant terrible des arts sénégalais”, resta à Rome plus d’une année et puisa dans l’inspiration de cette ville magistrale, muse des plus grands maîtres, fournissant une production prolifique. Parallèlement, Alfredo jouait les mécènes et commençait à goûter à ce rôle par pur plaisir de l’art.

Comme vous le savez, ma chère Fatou, Alfredo et moi avons alors maintes fois sillonnés l’Afrique, l’Asie, des pays difficiles comme l’Iran, la Syrie, le Yémen et l’Inde où l’aventure et l’idée d’une fondation humanitaire commencent par une innocente balade sur la plage.

« I love my India » est né de tous nos souvenirs et a été édité en témoignage de ce Pays aux mille contrastes. Un Pays qui attire, envoûtant, « schizophrène » dans ses tabous, ses croyances, ses haines infranchissables comme les castes.

Plongez-vous maintenant dans cet océan de photos.

Retour en Afrique, au Sénégal encore une fois et ce par hasard, parce que le destin l’a voulu, au début de l’année 2007 !

A cette époque, nous rencontrons le maître Kalidou Kasse avec qui nous échangeons beaucoup sur l’Art et la peinture. On rêve, on parle, on discute, on imagine comment donner enfin corps à l’évènement qui sera le Sene’Gala en 2008 à Monaco, dont vous serez la vedette.

Chère Fatou, votre démarche de femme et d’artiste vous amènera loin, d’exposition en exposition, mais toujours très proche de la Fondation.

Et à vous on a pensé, à vous, à Aziz, et aux autres peintres, pour cette merveilleuse aventure que sera l’Institut Cuomo Cardio-Pédiatrique de Dakar et qui témoignera à jamais de notre lien indéfectible avec votre terre magique !

Illustration : un tableau du peintre sénégalais, M’Baye Diop qui figure dans la collection de la Fondation Cuomo.